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Relocalisation : on y croit ?


La réponse à une relocalisation possible dans les stratégies des entreprises n’est pas si évidente !


De nombreuses filières se sont engagées sur des plans de relocalisation ces dernières semaines.  

En 20 ans (1994 – 2004) la part de notre consommation de produits de pays à bas salaire a triplé.

1 – La réponse Xerfi

D’après l’analyse sortie le 15 juin par l’institut d’étude Xerfi la relocalisation va être compliquée. Ils concluent même qu’elle n’aura pas lieu ou très peu.

Les 3 arguments principaux Xerfi :  

  • la baisse du revenu des ménages, inhérente à la crise, continue à peser sur les arbitrages des consommateurs, en faveur du low cost ; l’achat de produits importés de pays à bas coûts fait en moyenne économiser 1000€ par ménages / an (source banque de France 2018) ;
  • la dégradation inédite de la rentabilité des entreprises tend à faire primer, sur le moyen terme, l’argument du coût dans les choix de sous-traitance, au détriment de la proximité et de la sécurité ;
  • la primauté des fonds de gestion dans le capital des grandes entreprises n’a pas été fragilisée par la crise. Et leur abord des groupes mondialisés, comme portefeuille d’actifs remaniables, continue à prévaloir, avec son lot de cessions, de concentration, d’opérations transnationales qui ignorent les frontières.

Pour eux les fondamentaux de la délocalisation sont loin d’être affaiblis par la crise.

2 – Ce n’est pas si évident !

La relocalisation est un sujet complexe. On ne va pas passer à une relocalisation de 100%. L’impact macro-économique de la crise sera très différencié selon les régions, les entreprises et les ménages.

Cependant sur le plan microéconomique, 1) la question de la sécurité des approvisionnements a pris un nouveau relief et 2) le positionnement en local, à coût plus élevé, mais avec des critères écologiques renforcés, est de plus en plus légitimé par les entreprises, les consommateurs et les circuits de distribution. Déjà en 2008 une nette cassure s’était créée entre commerce mondial et production. Nous sommes sur une continuité. En 2020 le Made in France prend à nouveau un virage.

Une bataille entre « tendance de fond » et « fondamentaux » est lancée et va se déployer sur le long terme. Ne faisons pas l’erreur de vouloir mettre tous nos œufs dans le même panier. De rester dans la culture française du tout ou rien. Tout comme pour les tendances du télétravail ou de la digitalisation le 100% n’est pas possible.

La crise a révélé les possibilités de reconversion rapide de nos industries et services, sous la pression de la nécessité. Les choix ne seront plus globaux, mais en fonction des stratégies ultra personnalisés et ciblés de chacun sur le terrain. Ce qui peut nous permettre aujourd’hui de rentrer dans une démarche équilibrée et vertueuse. Ne restons pas sur un seul prisme de vision.

Donc, la relocalisation j’y crois, mais pas pour tout le monde.

Belle journée à vous tous.